TEMOIGNAGES

 

Propos recueillis
- le vote : des jeunes en parlent
- le vote : les " personnes-relais " en parlent

Zoom sur quatre actions phare
- Des MJC du Rhône (69) tentent d'endiguer la crise du politique dans les quartiers
- Une campagne ciblée portée par le collectif "Allons ensemble"
- Le Parlement des banlieues, Èmanation de l'association "Agir pour la citoyennetÈ"
- Un dÈfi citoyen pour inciter les jeunes ý s'inscrire sur les listes Èlectorales

 

Propos recueillis


Le vote : des jeunes en parlent

Jérôme, 23 ans, étudiant en cinéma
Le vote est un engagement, c’est une responsabilité. J’ai été surpris d’entendre à la radio des journalistes africains parler des élections en France : ils disaient que nous ne nous rendions pas compte de la chance que nous avions de vivre dans un système démocratique, de ne subir ni attentats, ni massacres lors des élections. Nous n’avons plus conscience de la possibilité de critiquer et de débattre que nous possédons. Pour obtenir cette possibilité qui nous paraît parfois évidente et ennuyeuse, d’autres y perdent leur vie.
Chacun peut trouver la forme d’engagement qu’il souhaite, pour moi, c’est en faisant des films qui ont un contenu social et politique que je m’engage. un film n’a jamais rien fondamentalement changé, mais le message peut-être mieux perçu et compris.

Aurélien, 23 ans, à la recherche d'un emploi
Je ne vais pas aller voter cette année tout d’abord car je ne me suis pas inscrit sur les listes électorales et ensuite car je n’en ai pas envie. Je ne me sens pas représenté par les candidats.. Je m’y connais un peu en politique et je n’a jamais vu un candidat représentatif de mon milieu. J’ai vécu toute ma vie avec des jeunes de cité, et je n’ai jamais vu un homme politique nous parler directement dans ses discours. Les jeunes des communauté maghrébines et africaines de mon quartier ne se sentent pas du tout représentés. Ils voudraient voter mais pour des gens qui les représentent et qui leur ouvrent l’esprit. La plupart des politiciens ont entre 50 et 60 ans et ont des problèmes avec la justice.

Delphine, 23 ans, étudiante en journalisme
Cela fait 5 ans que j’ai ma carte d ‘électeur et je n’ai été voter que pour les municipales. Je pense aller voter, mais blanc. Je me sentirai plus concernée par la politique si la politique s’intéressait plus aux électeurs. Le problème, c’est que l’on se retrouve dans les programmes de chaque candidat et pour moi, aller voter pour untel alors que je sais très bien que l’autre me propose à peu près la même chose, ne me paraît pas cohérent. Et surtout en ce moment, les campagnes de droite se rapprochent des campagnes de gauche et celles de gauche de celles de droite.
Je vais aller voter car c’est un droit et un devoir, il y a des pays qui se battent pour avoir le droit de vote, mais ce sera blanc.

Ségolène, 21 ans, étudiante en fac de théâtre
Les élections locales et municipales m’ intéressent énormément surtout dans mon village natal ; pour les autres, je ne sais pas si je me sens concernée, je vois ça comme un événement qui arrive à grand pas. Pour moi, la voie associative, c’est un moyen d’agir dans la société autre que la politique, c’est une voie qui permet de s’exprimer de manière plus efficace.

Medhi, 23 ans étudiant en communication
Je vais aller voter comme tout le monde, car je pense que ça reste un devoir, plus qu’une envie. Je veux donner ma position et affirmer mon idée de base. On verra bien ce qui se passe.

Anna, étudiante en 1ère année de psychologie
Si j’avais le droit de vote (je n’ai pas la nationalité française), je voterai. Je crois que si on ne donne pas sa position, on laisse libre choix à ceux qui la donnent.

Hélène, étudiante en 2 ème année de psychomotricité
L’engagement associatif, c’est une manière de s’engager dans la vie démocratique française et d’aider les autres. Je vais aller voter car mon vote peut donner des participations politiques pour développer l’association. Voter, c’est une obligation pour tout le monde.

Amaury, 28 ans, enseignant-chercheur
Je vais systématiquement voter, j ‘ai même annulé à voyage pour être présent lors de l’élection présidentielle. Je fais partie des gens qui croient encore à l’utilité de la politique et à certains des hommes politiques. Ce qui me dérange un peu, c’est que la classe politique soit composée de gens qui viennent du même milieu.
Les médias ont une grande responsabilité du fait que la politique soit discréditée : ce qui fait la une, ce sont les stratégies de communication et les attaques personnelles entre candidats. Ce serait plus inrtéressant d’opposer les idées.

Karine, étudiante en pharmacie
En France, on ne comptabilise pas le vote blanc. Si l’on vote blanc, on est considéré comme " rien "; ni dans l’absentéisme, ni dans les votes. Pourtant, si on vote blanc, ça un sens. Il ne faut pas non plus ne pas aller voter, le vote, c’est important, c’est un droit, c’est un devoir et en même temps, c’est une façon de s’exprimer.

Jamel, 23 ans, animateur au Conseil des jeunes de Créteil (94)
"J'ai confiance en l'avenir de la France "
"Je ne suis pas encore inscrit mais je vais le faire avant le 31 décembre, car il est important de voter. Je conseille à tous les jeunes de voter, même blanc. Si on est nombreux à voter blanc, les hommes politiques verront qu'on est mécontent et qu'on ne se reconnaît pas dans le paysage politique actuel.
Pour ma part, j'ai confiance en l'avenir de la France car la discrimination commence à être dénoncée. On est en train de construire la France du métissage. Maintenant, il faudrait que les Français d'origine étrangère soient mieux intégrés parmi les élus. "

Sira, 18 ans, étudiante en 1ère année de l'IUT de commerce de Créteil (94)
"Prendre son destin en main "
"Je me suis inscrite sur les listes électorales dès que j'ai eu 18 ans. En tant que membre du Conseil des jeunes de Créteil, je participe déjà à la vie politique de ma ville. Le problème, c'est que les hommes politiques actuels n'ont qu'un but : se faire élire. Cela dit, on doit quand même aller voter pour s'affirmer, se faire entendre, prendre son destin en main."

Gilbert, 23 ans, Etudiant en DEA de droit des affaires et conseiller juridique bénévole à Radio Droit de cité à Mantes-la-Jolie (78)
"J'ai redécouvert l'optimisme "
"Je me suis inscrit sur les listes électorales cette année, prenant conscience de l'importance du vote. Jusqu'à aujourd'hui, je n'en voyais pas l'intérêt car mes parents n'ont jamais voté et je n'ai pas bénéficié de culture politique. C'est en observant les militants associatifs qui m'entourent que j'ai eu le déclic : face à leur motivation et à la force de leur conviction dans la lutte pour améliorer nos conditions de vie et rendre le monde meilleur et plus conforme à nos aspirations, j'ai redécouvert l'optimisme. Aujourd'hui, je milite pour que les jeunes s'investissent dans la vie de la cité. S'ils veulent faire bouger les choses, il faut qu'ils commencent par se bouger eux même et aillent voter."

Gilles, 25 ans, animateur multimédia, Créteil (94)
"Les années passent, mes idées se précisent "
"Je suis inscrit sur les listes électorales depuis plusieurs années mais je dois avouer que je n'ai voté que pour les présidentielles de 1995. Lors des autres élections, je me suis abstenu parce que je ne me reconnaissais pas dans les candidats en lice, aucun ne défendait ma conception de la politique : prendre en considération les propositions émises par les citoyens qui s'investissent sur le terrain. Les années passent, mes idées se précisent et je pense avoir assez de choses à dire pour m'investir davantage, et peut-être me présenter lors des prochaines élections municipales."

 


Le vote : les " personnes-relais " en parlent

Pierre Clouet, Directeur Général de la Confédération des MJC de France

En France, comme dans plusieurs pays européens, le vote fait partie du paysage. On a l’impression que ça a toujours existé, comme la Sécu, les mutuelles, les vacances... que ça marche tout seul.
Du coup, on ne s’y intéresse plus guère, on pense que d’autres s’en occupent, et puisqu’ils ont l’air d’aimer ça, autant les laisser s’en débrouiller.
En plus le vote, c’est lié à la politique, qui n’a pas bonne presse, et pas que chez les jeunes. Certains pensent que voter c’est se faire manipuler, ou rouler, ou que sais-je encore.
Alors expliquer qu’il faut voter, pourquoi il faut le faire, pourquoi il faut défendre ce droit que certains prennent pour une contrainte, ça devient difficile. Mais ça devient aussi toujours plus nécessaire, parce que le vote, c’est la possibilité pour chaque citoyen de participer aux décisions qui nous concernent tous.
C’est pour ça qu’on a besoin de campagnes d’information comme celle du CIDEM. C’est parce qu’elles se veulent des écoles de citoyenneté que les MJC de la Confédération, associées à la vie du CIDEM, relaieront cette campagne.

Cheb Mami, le " Prince du Raï "
Voir la photo"Pour moi, un français qui ne vote pas, il n'existe pas ! Voter est un devoir pour les citoyens français. C'est le meilleur moyen pour les jeunes de concrétiser leur existence aux yeux des représentants de l'Etat, et c'est la première étape à franchir pour se faire entendre par les hommes politiques."

Jacqueline COSTA-LASCOUX, Présidente de la Ligue de l'Enseignement
"Le vote et l'éligibilité ont été proclamés comme un droit fondamental par les révolutionnaires de 1789. Voter, c'est donner sa voix pour faire entendre ses opinions, peser sur les décisions, contrôler le pouvoir et faire avancer des propositions. C'est l'expression de la capacité pleine et entière d'un être humain qui prend des décisions non seulement pour sa vie personnelle mais pour engager la collectivité. Voter, c'est être libre. Voter, c'est savoir choisir."

Akli MELLOULI, Chargé de mission à la Ligue de l'Enseignement
"Comment négliger un élément vital de notre démocratie, un moment d'expression fort de notre choix qui est celui du vote ?
Le vote est un des moyens mais ne doit pas être le seul ; il faut pouvoir utiliser aussi d'autres moyens pour faire vivre la démocratie et se faire entendre de façon permanente.
Le vote ne doit pas être un chèque en blanc fait aux politiques. C'est une étape essentielle d'un processus démocratique surtout dans une société en quête de sens dans laquelle il est important de renforcer le rôle du politique. En affirmant cela, je me situe à contresens du discours ambiant de " tous pourris ".
Ce discours et ces pratiques, qui tendent à disqualifier le politique, ouvrent la voie à d'autres pouvoirs dont la préoccupation première n'est pas forcement de mettre l'homme au cœur de notre système. Donc il est important que nos élus soient renforcés en étant élus avec 51% des votants et non pas comme c'est le cas actuellement avec 1/3 des suffrages. En contrepartie, ces élus doivent réaffirmer clairement leurs valeurs et le projet de société qu'ils défendent et l'engagement réel de sa mise en œuvre accompagnée par la participation de tous les citoyens que nous sommes.
En ce qui me concerne, j'irai voter avec un regret, celui de voter par procuration pour mes parents ; cette voix sera celle de 3 personnes. J'espère que bientôt nous aurons 3 voix pour 3 personnes.
Redonnons du sens au politique. Votez pour donner votre accord ou votez pour sanctionner ceux qui ne respectent pas leurs engagements."

Mouloud ANOUIT, Vice-Président du MRAP
"Le racisme c'est vouloir que l'Autre n'existe pas. Cette relégation économique, sociale, culturelle résulte de l'inexistence d'un rapport de force susceptible de donner vie et sens aux valeurs d'égalité et de fraternité. Voter, c'est d'abord concrétiser son attachement à ces valeurs. Ne pas faire ce geste, c'est laisser la place aux partisans de l'exclusion.
Si le vote participe de la citoyenneté, il n'en est pas le seul composant. C'est par un engagement au quotidien dans la société que pourra s'exprimer la citoyenneté active et solidaire."

Adil Jazouli, Conseiller technique du Ministre délégué à la Ville
"65 % : tel a été le taux d'abstention dans certains quartiers populaires et dans certains bureaux de vote lors des dernières élections municipales. Certaines études montrent qu'il existait pourtant un potentiel de participation et de vote dans ces quartiers, mais qui ne s'est pas retrouvé dans les scrutins municipaux. Une raison à cela : le manque de campagne et de mobilisation dans les quartiers. Les candidats ne s'y sont pas suffisamment déplacés, estimant peut-être qu'ils ne comptent pas assez d'électeurs potentiels. Par ailleurs, ces candidats ont rarement présenté aux personnes en situation d'exclusion et de discrimination des projets les concernant. Là où il y a eu mobilisation de l'ensemble des forces politiques, le taux de participation a été supérieur à 50 %. Les citoyens de ces quartiers ayant tendance à moins voter - par manque de tradition participative, par désintérêt ou par scepticisme -, il faut y redoubler nos efforts."

Sylvie, Responsable du Conseil des jeunes de Créteil (94)
"Depuis 1997, nous organisons une campagne d'affichage sur le thème "si tu ne votes pas, tu ne comptes pas". Notre action consiste également à expliquer les enjeux et à provoquer des débats. Nos arguments : le vote est un moyen d'exprimer une opinion et d'influer sur sa propre vie. Ainsi, le Conseil des jeunes est une prérogative que les jeunes de la ville pourraient perdre en ne votant pas aux municipales. Voter est aussi un droit dont certains parents d'origine étrangère ne bénéficient pas. Nous essayons également de faire prendre conscience de l'importance de s'engager au quotidien, en montrant qu'il existe une alternative aux partis. Je pense notamment aux initiatives de jeunes qui s'impliquent dans le tissu associatif, puis forment des collectifs, voire des listes citoyennes. "

Mamadou Gaye, Vice-président de SOS Racisme
"Au-delà de tous les combats quotidiens contre les injustices et eu égard à la place qu'accordent les politiques à la jeunesse, le vote est une occasion pour les jeunes de pousser un vrai coup de gueule. C'est le geste par excellence qui permet de créer un lien entre revendications et hommes politiques. En effet, il est de la responsabilité de tous les membres de la démocratie de renvoyer les questions qui nous concernent à la sphère politique. "

Hicham, 20 ans, étudiant en vente représentation et animateur à Radio Droit de cité, au Val Fourré à Mantes-la-Jolie (78)
"Inciter les jeunes à aller voter relève d'un combat quotidien, que ce soit à la radio ou dans la rue. Pour les convaincre, je leur explique qu'il s'agit du seul moyen pour eux de se faire entendre par les hommes qui nous gouvernent. En effet, les jeunes des quartiers passent leurs journées à " tenir les murs " dans les halls des immeubles, ils ne font rien de la journée et, pourtant, ils se plaignent, ils réclament du travail et toujours plus d'avantages. A cela, je leur réponds : " Commencez par aller voter si vous voulez vous faire entendre ! Et si vous ne vous reconnaissez pas dans les hommes politiques qui se présentent, votez blanc. Les élus verront alors qu'il y a un vrai problème de représentation."


 

Zoom sur quatre actions phare


Des MJC du Rhône (69) tentent d'endiguer la crise du politique dans les quartiers
Réfléchir. Telle fut la première démarche d'un groupe d'une vingtaine de personnes (animateurs, directeurs...) travaillant dans les MJC de l'agglomération du Grand Lyon, dont certaines situées dans des quartiers sensibles. Le thème central de ces rencontres organisées tous les mois et demi : l'éducation à la citoyenneté et le souci de maîtriser les termes du débat afin d'engager des discussions avec les jeunes.
Dans le prolongement de cette première initiative, " nous avons effectué, en septembre 2001, une enquête auprès de jeunes inscrits et non inscrits sur les listes électorales pour comprendre leur positionnement. Ce qui en ressort, c'est d'abord leur désir de trouver et de créer des lieux de paroles notamment pour aborder les questions de citoyenneté avec des personnes non engagées politiquement ", explique François Fayolle, Coordinateur territorial des MJC de l'agglomération du Grand Lyon. Des séances de formations pour les animateurs de MJC et des responsables associatifs sont alors élaborées afin de faciliter l'échange avec les jeunes. Au programme des huit séances : " la découverte du politique ", " qu'est-ce que la citoyenneté ? ", " la transformation contemporaine de la citoyenneté ", " qu'en est-il de l'éducation aux valeurs civiques aujourd'hui ? ", " l'engagement des jeunes dans l'espace public ", " les projets et expériences actuelles de démocratie locale ", " comment repenser les actions dans le sens d'une véritable éducation à la citoyenneté ? ". " Notre but, explique François Fayolle, est de modéliser un module de formation à la citoyenneté et de favoriser son essaimage partout en France "...

Voir sélection de site : www.zelector-mjc.org

 

Une campagne ciblée portée par le collectif "Allons ensemble" (1)
" Avant tout, on a donné la parole aux jeunes des quartiers, ceux qui ne sont jamais consultés, qui se trouvent en rupture totale par rapport à la scolarité ou à la vie sociale et professionnelle. C'est eux qu'il faut toucher en priorité ". Pour ce faire, Stéphane Ouraoui, Président de " Pas de quartier, tous citoyens " - association membre du collectif " Allons ensemble " - et de nombreux acteurs locaux ont organisé partout en France des débats, des réunions " au pied des immeubles ", des distributions de tracts. L'objectif : activer le déclencheur pour que les personnes hors réseau, hors circuit d'informations s'inscrivent sur les listes électorales.
Outre les débats, l'élaboration d'une campagne d'informations ciblée est au programme. Affiches, auto-collants, tracts que les relais locaux peuvent facilement se procurer. " Pour que ça fonctionne, il faut que les personnes se sentent utiles et concernées sans pour autant tomber dans des logiques populistes ", commente Stéphane Ouraoui pour qui rien n'est perdu à condition " de mettre le paquet ". Il ajoute : " Il faut mettre un coup de rein phénoménal en direction de ce public mais j'ai bon espoir : les jeunes que l'on a rencontrés ont envie d'aller de l'avant. Même si, concernant les hommes politiques, leur première réflexion est violente - " tous des "fils de pute" " -, ils sont capables par la suite de développer un discours. Et une fois que le dialogue est enclenché, le combat est gagné ; ils comprennent la nécessité de s'inscrire et demandent à en connaître et à comprendre davantage ".
A noter qu'en 2002, le collectif organisera une grande tournée de la citoyenneté dont le slogan est déjà trouvé : " souvent cités, jamais élus ". Le concept : s'implanter pendant trois à quatre semaines dans les villes et sillonner les lignes de bus dans tous les quartiers. " On est plutôt bien reçu par les jeunes du moment qu'on bénéficie à leurs yeux d'une légitimité. Celle-ci s'acquiert lorsqu'on s'implique réellement dans l'action, et non pas en allant voir les jeunes uniquement quand ils font la une de l'actualité ", conclut Stéphane.

(1) Le collectif rassemble des acteurs locaux (étudiants, architectes, médiateurs, responsables de centres sociaux, enseignants) qui travaillent sur les problématiques de la politique de la ville, de la démocratie locale, du développement urbain.

 

Le Parlement des banlieues, émanation de l'association "Agir pour la citoyenneté"
Voir la plaquetteIls étaient 300 à la Sorbonne le 13 octobre et 500 le 10 novembre à Vaux-en-Velin. "La demande est grande de la part des citoyens et, à ce jour, elle n'est pas satisfaite. Il faut les aider à formuler des propositions politiques", commente Karim Zéribi, Président d'Agir pour la citoyenneté. Cette association est à l'initiative du Parlement des banlieues, agora des quartiers populaires et rassemblement de travailleurs de terrain "qui ne s'expriment pas dans les sphères politiques traditionnelles par peur de l'instrumentalisation", ajoute le Président. Et, quand on l'interpelle sur le fait que les participants au Parlement des banlieues qui s'est déjà réuni par deux fois constituent "la crème" de la banlieue, loin de la population la plus en marge, Karim Zéribi rétorque : " "La crème" est majoritaire dans les banlieues. Les troublions, il faut arrêter d'amplifier le phénomène". Reste que cet ancien conseiller technique de Jean-Pierre Chevènement au ministère de l'Intérieur ne nie pas la présence de violences dans les quartiers, mais il lui trouve une alternative : la politique. "La République doit réinvestir les quartiers afin de diminuer l'aigreur de la population et récupérer le terrain perdu". En attendant un livre blanc sur les banlieues dont la sortie est prévue en mars prochain (et qui sera soumis à chaque candidat à l'élection présidentielle), de nombreuses actions sont menées en direction des quartiers populaires afin d'inciter la population à s'inscrire sur les listes. Outre des affiches et des tracts porteurs d'un slogan ambitieux - "Ton vote, c'est ta vie" -, l'association souhaite faire le tour des quartiers populaires au volant d'un "bus civique" afin de rencontrer des jeunes, provoquer des débats... Car le cœur de cible de la campagne est clairement défini : les habitants des quartiers populaires. "Notre but, souligne Karim Zéribi, c'est d'éviter la fracture entre habitants de ces quartiers et hommes politiques".

 

Un défi citoyen pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales
" Si tu veux faire le poids dans ton quartier, tu dois commencer par aller voter ", c'est ainsi que Stéphane Meterfi, président de l'association Débarquement Jeunes (DDJ) s'adresse aux jeunes de l'agglomération rouennaise. Déterminée à mobiliser les foules lors des élections présidentielles et législatives de 2002, DDJ est à l'initiative de l'opération " Défi citoyen " à laquelle sont déjà associées plusieurs villes de France. L'idée : organiser un " championnat inter-villes " de mobilisation des non-inscrits sur les listes électorales. Chaque ville participante serait mise au défi de comptabiliser le plus grand nombre d'inscriptions durant une journée. " La fierté et la compétition sont des valeurs dominantes dans les quartiers. D'où l'idée du défi ", explique Stéphane Méterfi.
Aujourd'hui, DDJ travaille à la coordination des campagnes similaires menées localement dans les autres agglomérations, en sensibilisant les têtes de réseau associatives. A ce jour, DDJ a déjà pris contact avec l'association Agir Pour la Citoyenneté (APC). De plus, membre du Conseil national de la vie associative et du Conseil consultatif de l'agglomération rouennaise, l'association entend user de son poids pour que son action soit soutenue par les pouvoirs publics. Au final, plusieurs dizaines de municipalités devraient participer au défi citoyen prévu pour la mi-décembre.
Si la mobilisation se veut nationale, chaque quartier a néanmoins son propre mode de fonctionnement. A Rouen, la méthode est le porte à porte. Pour cela, un responsable choisi parmi les jeunes habitants est nommé pour chaque immeuble. Chargés de coordonner les visites, ils sont ainsi responsabilisés. Mais les militants de Débarquement jeunes savent bien qu'il ne suffit pas d'exhorter les gens à aller voter pour qu'ils se déplacent aux urnes. " C'est un travail de longue haleine, une mission qui s'inscrit forcément dans la durée ", souligne son Président. L'association organise par exemple des " forums citoyens " dans les écoles et en milieu carcéral pour sensibiliser, dès le plus jeune âge, aux notions de respect, de droits et de devoirs, avec l'aide des policiers et des chauffeurs de bus. Outre son action de prévention et de médiation sociale, Débarquement Jeunes développe, par ailleurs, de nombreuses activités, de l'accompagnement de projets aux initiations multimédia.